Gone du 8ème
Geneviève Colas
Administratrice de la MJC Monplaisir, membre du Bureau du CIL Monplaisir
Parlez-nous de vous
Je suis une enfant de Monplaisir. Je suis née Vallet, rue des Tuiliers. Mon père était né au 17 rue Bataille. Alors que j’avais 6 mois, mes parents ont déménagé rue Saint-Maurice. J’habite avenue des Frères Lumière depuis juin 1960. Je suis veuve d’un médecin généraliste, qui était un vrai médecin de famille dans le quartier, Yves Colas, décédé d’un cancer à 49 ans en 1978. Je suis d’ailleurs administratrice au sein de la Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France où je représente les 20.000 veuves de médecins libéraux, ce qui m’amène à Paris au moins une fois par mois.
À la mort de mon mari, auprès duquel je m’occupais du secrétariat et de l’accueil des patients, j’ai changé de carrière. Mon frère m’a appelé au sein de l’entreprise familiale, Jacqui-Vallet, qui faisait du négoce de produits chimiques et d’entretien. J’ai travaillé pendant 24 ans au sein de cette entreprise, jusqu’au début des années 2000 où nous l’avons revendu. Pendant longtemps, nous étions implantés à l’angle de la rue Saint-Matthieu et de la rue Antoine Lumière.
Je suis membre du bureau du comité d’intérêt local de Monplaisir. Depuis le milieu des années 1990, je suis également membre du conseil d’administration de la MJC Monplaisir, que j’ai découverte lorsque je cherchais des cours de gymnastique en 1993, et au sein de laquelle j’ai animé bénévolement un atelier du patrimoine sur l’histoire du quartier pendant une dizaine d’années.
Cet atelier est né d’une idée simple. Un jour, on s’est dit : « On va faire l’histoire du quartier ». J’ai trouvé dans mon grenier, dans un recoin de la charpente, un paquet contenant des documents datant des années 1910, archivés par le médecin qui avait précédé mon mari. Ce fût une vraie mine d’or, avec de nombreux arrêts de travail nous permettant de dresser un panorama de toutes les entreprises et industries ayant existé à l’époque sur le quartier. J’ai pu également étudier l’évolution des commerces sur l’avenue.
Parlez-nous de Monplaisir
Monplaisir, c’est un village. Le quartier est devenu plus familial au fil du temps, avec une population qui s’est rajeunie et beaucoup d’enfants. Les gens qui habitent depuis longtemps dans le quartier se connaissent. En tant qu’épouse de médecin, je voyais beaucoup de monde. Je me souviens encore de ces mères de famille qui travaillaient à domicile : après avoir déposé les enfants à l’école, elles allaient aux usines Lafond chercher des ballots de vêtements qu’elles ramenaient dans leurs poussettes jusqu’à chez elles pour en faire les finitions.
J’ai connu l’essor résidentiel du quartier : les immeubles ont remplacé les ateliers, et il y a moins de petites maisons avec jardin. Je tiens beaucoup à l’avenue des Frères Lumière, qui a toujours été commerçante, et je veux qu’on respecte son histoire. À l’époque, le samedi soir, j’allais avec mes parents au Cristal-Palace, le cinéma du quartier. Il y avait deux rangées devant réservées aux enfants, et une ouvreuse vendait des glaces. Je me rappelle aussi des ouvriers de la Manufacture des Tabacs qui allaient aux bains-douches à l’angle de l’avenue des Frères Lumière.
Il y avait beaucoup d’usines et d’ateliers dans le secteur. Outre les usines Lumière, la grande minoterie et la Manufacture des Tabacs, la construction automobile occupait une place importante avec Pilain, Berliet, Cottin-Desgouttes, Audibert et Lavirotte, Saurer, Isobloc… Plusieurs pionniers de l’automobile étaient Lyonnais.
Aujourd’hui, je sens toujours un besoin de la population qui veut connaître la richesse de l’histoire du quartier.
Article paru dans le Journal de la Mairie |